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Le Domaine Zinger : où les valkyries gardent les secrets de Durov et le globe illumine depuis 120 ans
Histoire l'une des plus magnifiques constructions de Saint-Pétersbourg
En traversant la promenade Nevski, il est impossible de ne pas remarquer cet immeuble. L'édifice de six étages est couronné par une tour vitrée abritant un énorme globe terrien qui domine les toits de Saint-Pétersbourg depuis plus d'un siècle. À chaque coin du bâtiment se dressent des vénitiennes en bronze – des déesses guerrières scandinaves qui semblent garder les secrets de ce bâtiment exceptionnel situé sur la principale rue de la ville.
C'est le Domaine Zinger, connu par chaque habitant de Saint-Pétersbourg comme le Domaine des livres. Mais peu savent que derrière ses murs se cachent les histoires de milliardaires américains, les secrets des maisons d'édition soviétiques et les légendes modernes de l'informatique. Ici, à l'origine, on vendait des machines à coudre qui changeaient la vie de millions de femmes de ménage, et aujourd'hui dans la tour vitrée sont créés des algorithmes qui déterminent ce que verront les utilisateurs dans le fil d'actualité de « VKontakte ».
L'histoire du lieu : de l'opéra au gratte-ciel américain
Passé théâtral
Au coin de la promenade Nevski et du canal Griboedov (alors le canal Ekaterininski) la vie bouillonnait déjà au XVIIIe siècle. En 1742-1743, un opéra en bois conçu par Bartolomeo Rastrelli lui-même se dressait ici, où se donnaient des représentations comiques. Mais en 1749, un incendie détruisit l'opéra entièrement.
Plus tard, sur ce même emplacement fut construit un manoir appartenant à l'archimandrite Ivan Panfilov, le spiritualiste de l'impératrice Catherine II. Au XIXe siècle, l'immeuble fut acheté par un pharmacien nommé Karl Imzen, qui en fit un véritable centre culturel du vieux Saint-Pétersbourg.
Photo provenant du site : pinterest.comPériode bohème
Dans le manoir Imzen, la vie artistique était intense. On y trouvait une librairie, un magasin de livres, la rédaction du journal « Birzhevye Vedomosti » et — ce qui est le plus intéressant — un studio photo de Serge Lévitsky, le premier photographe professionnel en Russie. Il photographiait des écrivains, des compositeurs, des acteurs – toute la bohème de Saint-Pétersbourg à la fin du XIXe siècle.
Rêve américain
En 1902, l'entreprise américaine Zinger acquit le terrain, déjà maîtresse du marché. L'entreprise avait un grand atelier à Podolsk et 3000 magasins partout en empire. Ils décidèrent alors de construire à Saint-Pétersbourg leur gratte-ciel – au moins 11 étages.
Mais ils se heurtèrent à un problème inattendu : selon la loi, il était interdit de construire des bâtiments plus hauts que le Palais impérial. Cette restriction remontait à l'époque de Catherine et était strictement respectée.
Triche architecturale de Pavel Süzor
L'architecte Pavel Süzor, chargé du projet, trouva une solution géniale. Les limitations s'appliquaient uniquement à la hauteur des façades – 23,47 mètres. En revanche, aucune exigence stricte n’était imposée aux tours décoratives et aux mansardes.
Süzor conçut un immeuble de six étages mais décora celui-ci par une tour angulaire élégante avec un dôme vitré. Formellement, l’édifice ne dépassait pas la hauteur autorisée, mais visuellement, il semblait être un véritable gratte-ciel – le premier de l’histoire de Saint-Pétersbourg.
La construction dura deux ans – de 1902 à 1904. Quand les échafaudages furent retirés, les habitants furent stupéfaits. Sur la promenade Nevski, apparut quelque chose d’inconnu – un véritable moderne américain au cœur de la capitale impériale.
Secrets du globe en verre et des vénitiennes en bronze
Globe publicitaire
La tour est couronnée par un immense globe en verre de 2,8 mètres de diamètre – symbole de l'ampleur mondiale des activités de l’entreprise Zinger. Intérieur, il était éclairé par l'électricité (ce qui était une nouveauté à l’époque), et extérieur, il portait une inscription publicitaire « Zinger et K° ».
Il s'agissait de la première publicité lumineuse dans l'histoire de Saint-Pétersbourg ! Le soir, toute la promenade Nevski admirait ce spectacle exceptionnel – une sphère brillant au-dessus des toits.
Photo provenant du site : pinterest.comVénitiennes à sens caché
Les coins de la façade sont décorés par des vénitiennes en bronze – œuvres de sculpteurs Amundus Adams et A.L. Ober. Dans la mythologie scandinave, ces déesses guerrières sont considérées comme les filles d’Odin et incarnent la courage, l’honnêteté et la justice.
Mais les vénitiennes de Saint-Pétersbourg ont un sens particulier. Chacune tient des objets symboliques :
La première serre un harpon – symbole de la navigation maritime et de l'industrie lourde ;
La deuxième tient un fuseau et appuie son bras sur une machine à coudre – un clair message sur les produits de « Zinger ».
Les vénitiennes sont positionnées sur les rostres – parties avant des navires anciens, soulignant ainsi la relation entre commerce et voyages maritimes.
Photo provenant du site : pinterest.comOiseau américain
Sur le globe est assis un aigle – symbole des États-Unis. Mais son destin fut tragique. Pendant la Première Guerre mondiale, lorsque l’antihitlérisme s'installa en Russie, l’entreprise Zinger fut accusée de spionnage. L'aigle original fut retiré en 1917, et l’aigle actuel qui orne l’édifice est une reconstruction basée sur des photographies conservées.
Photo provenant du site : pinterest.comProdiges techniques du début du XXe siècle
Le Domaine Zinger était un véritable progrès technologique de son époque. Pavel Süzor, non seulement architecte mais aussi ingénieur, équipa l’édifice selon les dernières avancées techniques :
Trois ascenseurs de la société Otis – en 1904, c’était presque fantastique ;
Des coffres-forts de la firme berlinoise Panzer pour stocker les valeurs ;
Système de nettoyage de toiture à la vapeur contre la neige et la glace – une invention développée par la firme Saint-Pétersbourg Franz San-Galli ;
Tuyaux de drainage cachés – intégrés dans les murs pour ne pas altérer l’esthétique des façades ;
Lumière électrique – y compris l’éclairage du globe.
L’ère des livres et les secrets de la blockade
Après la Révolution de 1917, l’immeuble fut nationalisé. L’entreprise américaine quitta la Russie, et dans l'édifice se logèrent les maisons d’édition soviétiques. Depuis 1919, y résidait « Petrogosizdat » (plus tard « Lenizdat »), et en 1938, s’ouvrit le légendaire « Le Domaine des livres ».
Le courage de la blockade
Pendant la blockade de Leningrad, le magasin continua à fonctionner. Au début du mois de novembre 1941, une bombe explosa dans un immeuble voisin, fracassant toutes les vitres des vitrines. Mais quelques jours plus tard, « Le Domaine des livres » reprit son activité.
Dans le sous-sol de l’édifice, étaient conservés des publications rares provenant des collections de la Bibliothèque publique – ainsi les trésors bibliothécaires furent épargnés par les bombardements. Les employés racontaient que parfois, des gens venaient simplement se tenir parmi les livres – cela leur donnait l’impression que la vie normale existait encore.
Les habitués littéraires
Aux temps soviétiques, « Le Domaine des livres » devint un lieu de pèlerinage pour l’intelligentsia. Des invités fréquents étaient Daniil Harms, Samuil Marshak, Olga Forsh, Alexei Tolstoy. Les écrivains venaient non seulement chercher des livres mais aussi de l’inspiration – l’atmosphère ancienne de cet immeuble favorisait la création artistique.
Légendes modernes : de Durov aux passages secrets
La révolution informatique dans la tour vitrée
Depuis 2006, les trois étages supérieurs de l’immeuble sont loués à la société « VKontakte ». C’est ici que Pavel Durov et son équipe ont créé le réseau social russe le plus populaire.
Le bureau dans le Domaine Zinger est devenu légendaire. La salle de réunion était stylisée comme une chambre de torture, et dans la tour vitrée fut installée une zone de détente avec du mobilier finlandais. D’ici s'offrait un magnifique panorama sur le Cimetière de Kazan et la promenade Nevski.
Les avions en papier célèbres
L’une des légendes les plus éclatantes est liée à Pavel Durov. On raconte que en 2011, lorsque « VKontakte » atteignit une capitalisation de milliard de dollars, il a jeté des piles d'argent pliées en avionnets en papier par les fenêtres du Domaine Zinger. La foule sur la promenade Nevski était en délire, essayant de capturer les billets.
Durov lui-même qualifiait cela d’« expérience sociale » et « test de cupidité ».
Secrets et légendes
Autour du domaine circulent de nombreuses légendes :
Dans les sous-sols, il y aurait encore des trésors cachés depuis la Révolution ;
Des passages secrets menant à la promenade Nevski et à la jetée de Mойka ;
Le globe sur le toit n’est pas simplement décoratif mais une observatoire secrète ;
Les vénitiennes tournent parfois leur tête (personne ne les a vues, mais beaucoup jurent qu’ils ont entendu).
Coïncidences mystérieuses
Le Domaine Zinger se trouve exactement sur le méridien de Pulkovo – le méridien zéro de la Russie. Peut-être pour cela qu’il est couronné par un globe – symbole de tout le monde.
L’édifice a traversé toutes les catastrophes du XXe siècle : Révolution, guerres, blocade, Perestroïka. Le globe fut plusieurs fois retiré et restauré mais il revenait toujours à sa place, continuant à briller au-dessus de la promenade Nevski.
Le Domaine des livres aujourd’hui
En 2022, après de longues procédures judiciaires, le « Domaine des livres » revint à la propriété publique et fut à nouveau ouvert aux visiteurs. Les intérieurs furent restaurés, les vitraux et la stucature vénitienne rétablis.
Le nouveau « Domaine des livres » a misé sur les maisons d’édition indépendantes et les auteurs pétersbourgeois. On peut y trouver des livres inaccessibles dans les magasins en ligne, rencontrer de jeunes écrivains et participer à des rencontres littéraires.
Photo provenant du site : top10.travelHéritage architectural
Le Domaine Zinger est inscrit sur la liste des objets d'héritage culturel d'intérêt fédéral. C'est un rare exemple d'architecture commerciale moderne en Russie, où les standards américains du confort se sont joints à l'élégance pétersbourgeoise.
L’édifice devint le modèle pour de nombreux immeubles rentables du début du XXe siècle. Süzor fut le premier à appliquer en Russie le principe de l'utilisation multifonctionnelle : bureaux, magasins, entrepôts et équipements techniques étaient intégrés dans un seul volume.
Visites et balcon d'observation
Aujourd'hui, des visites guidées avec ascension au toit sont organisées dans le Domaine Zinger. Depuis la plateforme d'observation s’offre l'un des meilleurs points de vue sur le centre de Saint-Pétersbourg : le Cimetière de Kazan, la cathédrale de Spas na Krov, la panoramique de la promenade Nevski.
Particulièrement magnifique ici durant les nuits blanches, lorsque le globe vitré est éclairé à l'intérieur et que les vénitiennes projettent des ombres mystérieuses sur le pont.
Le Domaine Zinger est l’histoire vivante de Saint-Pétersbourg, où les ambitions américaines se sont rencontrées avec l'âme russe, le pragmatisme commercial avec la rêverie poétique et les dieux scandinaves anciens avec les technologies modernes d'internet. Et tout cela sous la lumière magique d'un globe qui brille depuis 120 ans, rappelant aux habitants que le monde est bien plus vaste qu'il ne semble à la surface.
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